La danse qui se prend trop au sérieux devrait parfois laisser son subconscient respirer.
Du hasard dans du désordre
Du hasard dans du désordre est un solo interprété par Iban Bourgeois et chorégraphié par Apolline Saulnier.
Cette création s’organise autour de la tension entre structure et chaos. Elle interroge la virtuosité de l’interprète, non dans sa seule maîtrise technique, mais dans sa capacité d’adaptation, d'association d'idées et de mobilisation de l'imaginaire en situation d’imprévu.
L’interprète dispose de cinq phrases chorégraphiques et de cinq états de corps qui composent son langage dans la pièce. Il est confronté à des combinaisons aléatoires entre ces éléments, ce qui génère un jeu d’assemblage imprévisible. La structure globale se déploie en trois temps :
un premier enchaînement, préparé et répété ;
un tirage au sort d’une nouvelle combinaison ;
une réinterprétation, non prévue, basée sur ce tirage.
L’ordre s’exprime d’abord dans la construction chorégraphique, dans la précision des mouvements, l’intention claire et l'intégration spécifique de qualités de corps. Cette première partie offre au spectateur une vulnérabilité maîtrisée : celle d’un corps préparé, conscient, pleinement engagé.
La seconde partie bascule vers le désordre. L’intervention du hasard fait perdre la maîtrise des choix chorégraphiques. L’organisation de l’espace devient incertaine, les transitions plus approximatives, et l’interprète laisse apparaître sa vulnérabilité dans l’instant : réflexions visibles, hésitations, prises de décision en direct. Ce déséquilibre est assumé comme un matériau. Avec 120 combinaisons possibles, aucune anticipation complète n’est envisageable — seul le présent oriente le mouvement.
